Lorsque l’on parcourt l’immense catalogue des œuvres de JS Bach (Bach-Werke-Verzeichnis ou BWV) mis en forme par Wolfgang Schmieder dans les années 1950, la question de la véritable paternité de certaines pièces se pose. En effet, l’immense popularité de Jean-Sébastien Bach a pu, en quelque sorte, “aspirer” quelques œuvres d’autres compositeurs baroques allemands moins reconnus. Pourtant, si Jean-Sébastien Bach est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands génies musicaux de l’Histoire, il ne jouissait de son vivant que d’une renommée limitée à sa région ; au contraire de Vivaldi ou Telemann dont la musique a voyagé dans toute l’Europe.

Bach ayant très peu édité de son vivant et plusieurs de ses manuscrits autographes ayant été perdus, une partie de ses œuvres nous sont parvenues par des copies réalisées par son entourage. Ces multiples sources ont pu contribuer à égarer Schmieder et expliquer la présence d'œuvres étrangères à JS Bach dans le catalogue BWV. La sonate pour clavecin obligé et violon (BWV 2020) est ainsi réatribuée à son fils Carl Philipp Emanuel Bach, considéré aujourd’hui comme l'un des compositeurs majeurs du XVIIIème siècle. Ce dernier, qui considérait les sonates pour violon et clavecin obligé de son père (dont la sonate BWV 1019) comme étant ses pièces les plus abouties, reprend cette forme dans plusieurs de ses sonates en y apportant ses particularités stylistiques. Georg Pisendel, violoniste virtuose et compositeur brillant, pour lequel JS Bach avait le plus grand respect, apparaît également dans le catalogue BWV. La paternité de la sonate BWV 1023 est ainsi disputée entre Pisendel et JS Bach. Cette sonate dialogue avec la sonate en ré Majeur de Pisendel qui lui a inspiré un concerto quelques années plus tard, afin de mettre en évidence les particularités stylistiques des deux compositeurs.